Luisa Salieri
Socio-anthropologue, ethno-photo-graphe.

Sur les traces du loup est un travail en cours de réalisation, que je mène avec Romain Costaseca, photographe chez Hans Lucas
Représenté dans les contes, les héraldiques et les images bibliques, le loup a toujours occupé une place centrale dans la culture européenne. Le plus souvent, il apparaît comme une bête majestueuse et féroce ; on retient particulièrement l’image du “méchant”, qu’il incarne à la fois dans les représentations bibliques et dans les contes moralisateurs des frères Grimm, de Perrault ou de La Fontaine.
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Depuis son retour sur le territoire français au cours des années 1990, le loup suscite des débats intenses, favorisant la production de discours multiples autour de cet animal. En particulier, une opposition cristallise les éleveurs, pour qui le retour du loup représente une menace directe pour leurs troupeaux et leur activité, aux associations naturalistes, qui se réjouissent du retour de ce mammifère contribuant à l'équilibre des écosystèmes. Mais au-delà des considérations d’ordre économique et écologique, le loup fascine et suscite également intérêt et curiosité chez les habitants des territoires concernés et les touristes.
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Difficile à apercevoir, le loup ne peut être repéré qu’au prix de s’engager dans une enquête sensible, qui consiste à parcourir le territoire afin d’apprendre à interpréter de nombreux indices subtils : empreintes furtives, traces sur un sentier, laissées, restes de proies attaquées.
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En 2024 et 2025, nous avons décidé de partir « sur les traces du loup ». Armés d’un appareil photo et d’un carnet de terrain, nous avons choisi de nous engager dans une enquête photographique et ethnographique, qui nous a conduira à la rencontre d’une pluralité d’acteurs : éleveurs, naturalistes, touristes, habitants, gardes forestiers, visiteurs de parcs animaliers, chasseurs… Ainsi, la recherche du loup est l’occasion de recueillir et de rendre compte des discours multiples qui entourent cet animal fabuleux et sauvage, afin d’interroger notre rapport à cet animal et sa place dans nos territoires et nos imaginaires.
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En particulier, nous avons choisi de mener cette enquête sur les territoires du Massif central. En effet, si plusieurs individus en dispersion ont pu être repérés sur ces reliefs du centre du pays, sa présence permanente n’a été identifiée qu’à de rares endroits. Notre intérêt se porte donc sur cette aire géographique, en partant de l’hypothèse que cette incertitude favorise l’émergence de représentations controversées projetées par différents acteurs. Elle pourrait notamment constituer un terrain fertile pour l’apparition de discours variés, d’imaginaires et de fantasmes, véhiculés par les habitants, les enfants, les touristes, les éleveurs et les défenseurs de la nature.
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